Bonjour à tous. Commençons par une brève présentation. Nous sommes un couple d’une trentaine d’années, ayant décidé de nous lancer dans l’aventure de la construction après avoir acquis un terrain d’un peu plus de 700 m² dans Préaux.
Nous avons commencé par démarcher plusieurs constructeurs : Ortelli, Phénix, Lucas, ce dernier ayant fortement retenu notre attention de par son sérieux, sa disponibilité, et son excellente réputation. Puis nous avons pris contact avec une architecte, pour lui demander s’il était possible de construire un projet de maison contemporaine pour une surface habitable de l’ordre de 100 à 110 m² et un budget d’environ 1200 €/m². Après étude, elle nous a informés être en mesure de réaliser notre projet au budget imparti avec un travail et des matériaux de qualité (ce qui nous semblait essentiel). Celle-ci étant domiciliée non loin de notre chantier, nous avons considéré cet élément comme un réel avantage et un gage de suivi sérieux des travaux. Nous avons donc signé un contrat d’architecte avec mission complète en date du 18 mai 2010. Nous avons également signé les devis des différents corps de métier choisis sur proposition de l’architecte puis les marchés de travaux. C’est à ce moment qu’elle nous a informés souhaiter déléguer le suivi du chantier à une tierce personne. C’est ainsi qu’elle nous a présenté un homme que nous appellerons le maître d’oeuvre (qui n’apparaît pas sur le contrat), décrit comme une personne exigeante et minutieuse, et qui a pris la direction des travaux. Le chantier a débuté début octobre 2010.
Nous avons rapidement constaté des irrégularités dans l’élaboration du vide sanitaire, hourdis découpés dans l’urgence, planelles non scellées que nous avons retrouvées à même le sol. Nous avons alors demandé une réunion sur le chantier. Première remarque inquiétante de la part du maître d’œuvre qui déclare à mon beau-père que nous sommes un jeune couple, et qu’il ne s’agit pas d’une maison que nous garderons forcément ! Après négociations, le maître d’œuvre et l’architecte s’engagent à ce que les défauts soient rectifiés avant que la dalle ne soit coulée. Cependant, les planelles qui n’ont pas survécu à leur chute seront remplacées par une simple planche de bois…. Bah oui, une planelle, cela coûte cher ! L’équipe de maçons a finalement été mise en cause et changée sur demande du maître d’œuvre.
La dalle est coulée. Nous revenons prendre les mesures. Celle-ci est globalement sous-dimensionnée de 4 cm. Le maître d’œuvre nous informe que cette pratique est tout à fait normale puisqu’il a pour habitude de travailler avec un débord de
briques de l’ordre de 2 cm. Nous les informons également, avant que les murs ne soient montés, que l’un des côtés n’est apparemment pas d’équerre par rapport au reste de la dalle (nous mesurons une déviation d’environ 6 cm sur une longueur de 4,10 m). L’architecte et le maître d’œuvre nous répondent qu’il en sera tenu compte lors du montage des murs. De notre côté, nous sommes étonnés d’avoir à les informer d’un tel défaut et nous commençons à nous demander si le chantier est correctement suivi. Quelques jours plus tard, les murs du RDC sont montés. Nous nous rendons rapidement sur le chantier et constatons qu’il n’a pas été tenu compte de notre remarque puisque le mur situé côté sud suit de part en part le côté de la dalle qui n’est pas d’équerre… Autre constat, le mur côté Est qui accueille une large baie vitrée présente un décalage de 4 cm de part et d’autre de l’emplacement réservé à la baie… Nous contactons rapidement le maître d’œuvre qui nous assure qu’il doit s’agir là des seuls défauts car tout le reste a été vérifié par ses soins. De plus en plus inquiets, nous décidons de nous rendre rapidement un midi sur le chantier. Nous faisons alors connaissance avec l’équipe de maçons, visiblement d’origine turque. Parmi ces quatre personnes grelottant de froid, une seule parle à peu près le français, ce qui rend le dialogue difficile. Les gars sont apparemment livrés à eux-mêmes. Il n’y a pas de chef d’équipe présent. Nous profitons de leur pause-déjeûner pour prendre nos mesures. Le constat est alarmant : l’ensemble de l’ouvrage est sous-dimensionné, de nombreux murs font l’objet d’un débord très excessif, de l’ordre de 5 cm par endroits alors que le règlement DTU prévoit un maximum de 2.5 cm (nous pouvons immédiatement imaginer les conséquences, mauvaise répartition des contraintes, diminution des performances thermiques, intérêt limité de la bande d’arase), le mur de la salle situé côté sud n’est pas parallèle aux murs situés en face et dévie d’environ 5 cm sur une longueur de 4,10 m. Nous découvrons également que toutes les évacuations et alimentations prévues ont été mal positionnées. Notre regard est également attiré vers les poutres porteuses du futur étage qui semblent particulièrement légères. La maçonnerie est de piètre qualité. Le montage des murs en briques BGV a été réalisé en trempant ces dernières dans un bac contenant le mortier pour joints minces. Nous avons par la suite contacté le fournisseur Bouyer Leroux qui nous a affirmé qu’une telle pratique ne respectait pas la procédure qui consiste à étaler la colle avec un rouleau. De nombreuses briques font également l’objet d’un mauvais jointement, laissant ainsi passer le jour. D’autres espaces ont quant à eux été calfeutrés avec du simple ciment.
Nous contactons l’architecte par email, afin d’obtenir les plans du RDC sous forme de fichier et d’y reporter nos mesures. Et là, nous constatons que le mur séparant le garage du reste de l’habitation a tout simplement disparu des plans ! Nous soupçonnons que cette prise de décision (qui s’est faite sans notre accord) et liée à la mauvaise implantation des fourreaux et des évacuations, qui se retrouvent désormais pour la plupart dans le garage, une simple
cloison offrant la possibilité de les dévier. Elle nous soutiendra par la suite que cette décision a été prise dans notre intérêt, afin de remplacer le mur (que nous pensions d’ailleurs être un mur porteur au vu de la légèreté des poutres) par une cloison plus isolante et moins encombrante.
Une réunion de chantier est rapidement organisée en présence de l’architecte, du maître d’œuvre et d’un représentant de la société de maçonnerie. Je découvre au moment de mon arrivée que l’équipe est en train de réaliser les mesures (le moment choisi ne me semble pas le plus judicieux). Entre temps, la moitié du mur qui se trouve en décalage de part et d’autre de l’emplacement de la grande baie vitrée est tombée. Mais le linteau surplombant l’emplacement de la baie est conservé. Il est maintenu par une simple poutrelle provisoire, en attendant le montage du nouveau mur, sur lequel il me semble évident qu’il ne reposera pas correctement. Je fais remarquer à l’architecte qu’aucun des comptes-rendus de chantier que prévoit son contrat ne nous a été remis. Elle avoue alors ne pas avoir suivi le chantier, malgré le fait qu’elle habite à proximité et que le contrat signé prévoit une visite hebdomadaire. Lorsque je lui déclare que la réussite d’un tel ouvrage dans une ville aussi petite que Préaux aurait pu lui donner une excellente image, elle me répond que si ce n’est pas celle-là, ce sera une autre. Au final, cette réunion ne nous apporte pas de réponses concrètes. On part visiblement dans du rafistolage. La seule chose qu’on nous propose est un effort financier ou la réalisation de travaux supplémentaires afin de compenser le préjudice. Nous souhaitons pour notre part une maison qui soit réalisée dans le respect des règles de l’art. Cette proposition ne nous satisfait donc pas.
S’en suit alors un échange de courriers recommandés. Les quelques réponses que nous obtenons restent vagues et peu rassurantes. Nous sollicitons dans le même temps les services d’un expert en bâtiment, afin d’obtenir un avis extérieur. Celui-ci confirme nos craintes. Malheureusement, le rapport qu’il nous rend est visiblement bâclé, regorge de fautes d’orthographe, les photos s’y succèdent sans logique et donnent l’impression qu’elles sont là pour remplir les pages. La facture est de plus 30 % plus élevée que ce qui avait été convenu par téléphone et les frais kilométriques ne correspondent pas à la réalité. Devant l’urgence de la situation, nous choisissons de le porter à la connaissance de l’architecte, étant donné que nous nous y étions engagés. Nous décidons néanmoins de faire part de notre déception à l’expert au moment de le régler. Celui-ci, visiblement vexé, refusera par deux fois notre chèque, et nous demandera de plus de nous engager à ce que ce rapport ne soit jamais utilisé, chose impossible (et il le savait très bien) étant donné que l’architecte en avait déjà eu connaissance. Au passage, il ne nous semble pas qu’un professionnel ait le droit d’exiger l’annulation d’une prestation, une fois la facture émise… Ceci ferme la parenthèse.
Nous n’obtenons dès lors plus aucune réponse de l’architecte. La note de calcul validant le dimensionnement de la structure porteuse que nous réclamons ne nous sera jamais transmise. Nous tentons de la joindre par deux fois au téléphone, sans succès. Elle a visiblement décidé de ne plus donner signe de vie. Entre temps, la poutre laissée en attente est abattue, et l’équipe de maçons déserte le chantier. L’un des voisins, qui avait pour habitude de les accueillir de temps à autre afin qu’ils se réchauffent chez lui, nous apprend même que l’un d’entre eux (nous supposons qu’il s’agit de celui qui parle à peu près correctement le français) lui aurait confié qu’il faudrait normalement tout abattre.
Nous commençons dès lors à entreprendre des démarches afin de faire avancer les choses. Nous contactons dans un premier temps l’Ordre des Architectes, comme l’exige le contrat signé. Ceux-ci nous invitent à monter un dossier complet, pour finalement nous répondre qu’il s’agit de désordres liés au déroulement des travaux, et qu’ils ne peuvent par conséquent pas se saisir du dossier (même si nous sommes là face à une carence de l’architecte… bah tiens…). Nous sollicitons dès lors les services d’un avocat. Celui-ci envoie une première lettre à l’architecte. Cette dernière donne enfin signe de vie. Le courrier obtenu met en évidence une mauvaise foi certaine. La note de calcul nous est cette fois-ci promise. Elle n’arrivera jamais. Nous décidons dès lors de saisir la justice et partir en référé. Un expert judiciaire est désigné courant juillet pour une expertise prévue fin septembre. Entre temps, le
permis de construire est arraché. Nous le retrouverons plus tard abandonné derrière la maison, l’entête contenant le nom et les coordonnées de l’architecte ayant été découpée.
Le jour de l’expertise arrive. Sont présents l’architecte, le maître d’œuvre ainsi que leurs avocats respectifs, le représentant de l’entreprise de maçonnerie ainsi que son assureur, l’expert, notre avocat et nous-mêmes. L’expertise commence par un rappel à l’ordre de l’architecte par l’expert qui lui signifie que le suivi du chantier fait partie intégrante de sa mission. Commence ensuite l’expertise. Le mauvais positionnement des arrivées et évacuations dans la dalle est constaté. Pour y remédier, un carottage est préconisé et l’expert abonde dans ce sens. Pourtant, tous les professionnels que nous avons pu rencontrer déconseillent cette méthode car trop de points concernés sur une petite surface…. Concernant le débord des briques, le maître d’œuvre tente tout d’abord de le sous-estimer en ne prenant pas les mesures à partir de la dalle mais du ciment dépassant. Un débord de 4.7 cm est finalement constaté. Le maximum autorisé par la règlementation DTU est 2.5cm (ce qui est déjà peu courant d’après quelques constructeurs). A cela, l’expert déclare qu’il n’y aura aucune incidence sur la solidité de l’ensemble, l’impact étant selon lui essentiellement d’ordre esthétique. Il propose de simplement combler l’espace sous le débord. Il reconnaît par contre que les poutres porteuses semblent très légères, et réclame au maçon une note de calcul (nous pensions que celui-ci l’aurait fournie le jour de l’expertise). Il propose dans le cas où celle-ci ne serait pas remise (ou en règle) d’avoir recours à un expert en calcul/dimensionnement de structure indépendant qu’il a d’ailleurs cité. Concernant le mode de pose des briques, l’expert déclare que nous ne pouvons lui fournir aucune preuve, et que cette façon de tremper les briques directement dans le bac ne lui semble pas inappropriée (les formations dispensées par Bouyer Leroux semble affirmer le contraire…). Il est par contre proposé de remplacer les joints en ciment. Concernant la suppression du mur séparant le garage du reste de l’habitation, l’expert pense qu’il est dans notre intérêt d’accepter. La question du mauvais équerrage ne sera pas abordée. Cette réunion s’est vite transformée en procès à notre encontre. Le premier rapport d’expertise, accusé d’avoir motivé nos démarches, et que nous ne souhaitions pas utiliser a été réclamé un nombre incalculable de fois, occultant par la même occasion la réalité des malfaçons accumulées. L’expert désigné a cru bon d’indiquer que le premier expert n’avait pas été rémunéré pour sa mission (comme si c’était nous qui avions refusé…). Il a été suggéré par l’avocat de l’architecte que nous faisions obstruction à la bonne réalisation des travaux, assurant un rôle de suivi qui n’était pas le nôtre (je suppose que cette remarque était destinée à anticiper une éventuelle question au sujet des indemnités de retard étant donné que la maison aurait due être livrée au plus tard fin septembre). Ces remarques nous ont semblé pour le moins surréalistes, étant donné que nous avons du découvrir par nous même un certain nombre de désordres qui au mieux avaient échappé à l’architecte, ou au pire nous ont été sciemment dissimulés. Nous avons toujours cherché à trouver des solutions, à conditions qu’elles soient acceptables. Le maçon a d’ailleurs abandonné le chantier dès lors que nous avons commencé à poser des questions plus précises, réclamant notamment les fameuses notes de calculs.
Cela fait maintenant 9 mois que nous attendons une réponse du maçon, et ce malgré l’intervention de la justice….Nous sommes aujourd’hui complètement écoeurés. Notre beau projet de maison s’est véritablement transformé en cauchemar. Les sommes dépensées chaque mois (loyers, intérêts, frais de justice) sont énormes. Les avis éclairés sont les bienvenus.