Dossier peintures murales

Peintures murales : émissions à risques

Quinze peintures murales au banc d'essai et, pour la première fois, une analyse de leurs émissions polluantes.

Trois logements sur quatre pollués par des substances chimiques. En janvier 2002, nos analyses d'air intérieur révélaient une situation préoccupante (QC n° 389). En cause, des produits d'entretien ménager courants, des revêtements de sols et de murs... Au nombre des coupables, les peintures. Alors, lesquelles choisir pour ne pas dégrader l'air que l'on respire chez soi? Plutôt à l'eau que glycéro, ou encore des peintures dites naturelles? Des peintures labellisées environnement? Ou encore des produits affichant la mention «sans odeur»? Impossible de répondre sans test.

Outre nos essais classiques de performances et de qualité, nous avons donc, pour la première fois, mesuré les émissions polluantes de l'ensemble des produits. À l'arrivée, de grosses surprises. Il ne suffit pas de se dire à l'eau pour ne pas polluer, d'être estampillé NF Environnement pour émettre en faible quantité, de s'afficher sans éthers de glycol pour en être exempt, de se déclarer sans odeur pour être inoffensif.

Le relargage des polluants

En 2001 et 2002, nos analyses d'air intérieur prouvaient que les polluants chimiques persistaient bien au-delà de la période de travaux. Nos mesures ont donc été réalisées 24 heures après la mise en peinture dans un premier temps, puis renouvelées au bout de quinze jours (voir p. 40). Les produits encore très émissifs à cette échéance risquent de relarguer des polluants sur une longue durée, nous les déconseillons.

Heureusement, certaines peintures se soucient de la santé des occupants. Deux semaines après les travaux, elles ne rejettent plus rien dans l'air ambiant. Il s'agit d'Auro et Biofa, qui se présentent comme «peintures naturelles».

Autre critère distinctif figurant sur certains pots, la mention NF Environnement ou l'écolabel européen. «Teneur réduite en solvants et absence de certaines substances dangereuses», stipulent les cahiers des charges. Rien de trompeur, les produits respectent ces exigences. Ils n'émettent, par exemple, ni éthers de glycol toxiques, ni formaldéhyde en forte quantité. Mais ils ne sont pas les seuls à avoir banni les éthers de glycol dont la Commission de sécurité des consommateurs et l'UFC-Que Choisir demandent l'interdiction.

Sur les 11 peintures à l'eau sélectionnées, 3 seulement sont pénalisées pour leurs relargage d'éthers de glycol à 14 jours. Comme lors de nos analyses d'air intérieur portant sur près de 900 logements, nous constatons que le combat mené contre ces solvants toxiques porte ses fruits. Si bien qu'au vu de nos mesures, les peintures porteuses de la marque NF Environnement ou de l'écolabel européen ne figurent pas au palmarès des peintures qui émettent le moins de polluants.

La Castorama NF Environnement se classe moins bien que la V33. Cette dernière ne revendique pourtant rien en termes de qualité environnementale. La situation est identique pour la peinture Leroy Merlin qui affiche l'écolabel européen. Une situation qui s'explique par le durcissement à venir de la réglementation.

Certains fabricants l'anticipent et dépassent les exigences de la marque NF ou de l'écolabel. Reste qu'en l'absence de composition détaillée, tant que l'obligation d'indiquer les ingrédients utilisés n'existe pas, ces deux labels offrent une garantie minimale au consommateur. Il est d'ailleurs instructif de souligner que sur 15 peintures retenues pour notre test, 2 seulement affichent leurs ingrédients par le menu. Leur nom? Auro et Biofa, précisément celles qui émettent le moins de polluants.



Familles
Les peintures glycérophtaliques, encore dites solvantées, contiennent des dérivés pétroliers et nécessitent du white-spirit. Les peintures acryliques ou alkydes ne contiennent pas d'hydrocarbures. Le terme de peintures à l'eau est abusif mais s'explique par le fait qu'elles se nettoient ou se diluent à l'eau.


Usage
Les peintures acryliques ou alkydes conviennent aux pièces sèches. Les glycéro sont adaptées aux pièces humides ou grasses (salles de bains et cuisines), elles se lavent plus aisément.


Application
Les acryliques sont parfois de vraies monocouches, les glycéro nécessitent généralement deux passages. Les glycéro assurent un meilleur tendu mais ne tolèrent pas les imperfections du mur, mieux masquées par les peintures aqueuses.


Bon à savoir
Les peintures glycérophtaliques contiennent des solvants dérivés du pétrole. Ces hydrocarbures constituent une source importante de pollution de l'eau et des sols. Il faut donc éviter de jeter les restes de peinture à l'évier, à l'égout ou dans le jardin. Profitez de la collecte des produits dangereux pour vous en débarrasser ou portez-les à la déchetterie.


L'étiquetage à la loupe

Monocouche ou pas?

Impossible de savoir combien de couches il faut appliquer avec certaines peintures avant d'avoir procédé aux travaux, les pots ne portent aucune mention. Ne vous fiez pas à la mention monocouche des glycéro, notre test prouve qu'il en faut souvent deux.


Sans odeur
L'argument est à la mode, il figure sur la plupart des produits. Attention, ce n'est en aucun cas un gage de non-toxicité. L'effet peut même se révéler pervers. On cesse d'aérer quand l'odeur disparaît alors que la peinture continue à relarguer des polluants chimiques. L'Astral Ambiance satinée du test a été jugée d'odeur agréable. Elle rejette pourtant des substances chimiques en quantité. L'Auro, qui sent le camphre, est, en revanche, très peu émissive.

Mat ou satin ?
Gare aux surprises, tous les fabricants n'ont pas la même conception du brillant ou du mat.

Sèche vite
Attention : si la possibilité de réaménager aussitôt constitue un atout indéniable, la rapidité du séchage n'accélère en rien la disparition des polluants émis.

Quelle composition ?
Les fabricants se soucient peu d'informer le consommateur. Il faut généralement se contenter de la catégorie : acrylique, alkyde ou glycéro. Seules les peintures qui se revendiquent naturelles affichent leur composition de façon plus détaillée.


Quel rendement ?
10 à 18 m2 couverts par litre de peinture, les annonces varient du simple au double. N'en faites pas un critère de choix, les modalités de calcul varient selon les fabricants.