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Pour l’Ademe, les isolants minces ne peuvent satisfaire aux exigences de la RT
Eric Leysens - LE MONITEUR.FR - Publié le 29/11/2011 à 11:48
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Isolant mince posé en toiture
© Moniteur - Isolant mince posé en toiture
Dans un avis, publié lundi 28 novembre, l’Ademe reconnait que les produits minces réfléchissants constituent de bons parevapeurs, mais les cantonne à un rôle de complément d’
isolation. Le Syndicat français des isolants minces multicouches réflecteurs s’étonne que l’établissement public base son appréciation sur des études datant de 2007.
« Lorsque la pose est bien réalisée, le produit mince réfléchissant (PMR) peut être utilisé comme complément d’isolation pour améliorer la résistance thermique totale de la paroi. De plus, la plupart des films réfléchissants étant très étanches à la vapeur d’eau, ils peuvent constituer de bons parevapeur, du côté intérieur des parois. Leur faible encombrement préserve la surface utile et facilite leur insertion en espace contraint », explique l’Ademe dans son avis.
Cependant, un peu plus loin dans le texte, l’ établissement public met en doute la faible épaisseur des systèmes d’isolation avec PMR en invoquant le confort d’ été. « En période chaude, un produit mince réfléchissant peut contribuer au confort thermique d’été au même titre qu’un isolant traditionnel de résistance thermique de 2 m².K/W environ. Ce calcul est déterminé dans le cas d’une toiture intégrant un PMR d’une résistance thermique intrinsèque de 0,2m²K/W avec une lame d’air supérieure ventilée de 20 mm et une lame d’air inférieure étanche, d’une épaisseur minimale de 80mm (soit un ensemble d’une épaisseur d’environ 12cm) ».
Ademe : « le Prebat montre que les PMR ne peuvent satisfaire aux exigences de la RT »
Mais là où l’ Ademe est le plus sévère avec les PMR, c’est quand il écrit que « seuls (ils) ne peuvent satisfaire aux exigences de la réglementation thermique pour le neuf ». « En période froide, un PMR courant de 2 cm d’épaisseur associé à deux lames d’air adjacentes étanches de 2 cm d’épaisseur minimum chacune, ne peut pas dépasser 2 m².K/W avec les technologies actuelles. Cette résistance thermique est équivalente à celle d’un isolant classique courant de 6 cm d’épaisseur environ, ce qui est généralement insuffisant pour répondre aux exigences réglementaires», précise l’Ademe.
Pour donner son avis, l’Agence en charge de la maîtrise de l’énergie se base sur deux études réalisées en 2007, dans le cadre du Prebat, dans le but d’évaluer les performances des PMR selon différentes méthodes scientifiques de mesure et de calcul, comprenant des expérimentations sur site. L’une des études a été menée par le fabricant KDB isolation associé au Cnrs, l’autre, in situ, par l’école des Mines de Paris et le Cstb.
Chez Actis, fabricant d’isolant mince depuis plus de 20 ans, on s’étonne que l’Ademe se base sur un travail (Mines de Paris et Cstb) datant de plusieurs années. L’entreprise audoise rappelle qu’elle a récemment traversé la Manche pour aller faire tester son produit, en situation réelle, auprès de l’organisme britannique BM Trada. Les consommations de deux maisons à la structure identique, l’une isolée avec un isolant mince de chez Actis et l’autre avec une laine minérale, ont été mesurées durant trois mois. Résultat fièrement affiché: 3,5 cm d’isolant mince « Triso Super 12″ correspond à plus de 20 cm de laine minérale. Ce test permet au fabricant d’ isolant mince de disposer d’ un avis technique reconnu en Europe.
Syndicat des isolants minces : « l’étude (du Prebat ) ne pouvait être décemment soutenue devant un collège de scientifiques »
Actis insiste également sur le fait que les conclusions de l’ étude des Mines de Paris et du Cstb n’ont jamais été rapportées au groupe de travail chargé, au sein du Comité européen de normalisation, de définir une norme basée sur des « tests in situ » pour évaluer en conditions réelles d’utilisation la performance thermique de toutes les catégories d’isolants du bâtiment.
Le Syndicat français des isolants minces multicouches réflecteurs (SFIRMM), dont Actis fait partie, explique, dans un communiqué diffusé en réaction à l’ avis de l’ Ademe, que « si cette étude n’a pas été présentée dans cette enceinte privilégiée pour débattre des différentes expériences menées en la matière, c’est qu’elle ne pouvait pas être décemment soutenue devant un collège de scientifiques ». En décembre 2007 le Sfirmm avait déjà fait part de nombreuses réserves sur le référentiel de tests en situation réelle utilisé dans le cadre du Prebat. « On peut s’étonner du choix de ne considérer que les résultats de 5 jours d’essai seulement sur une période totale de 10 semaines de tests ou de la mise en oeuvre des isolants, en contradiction avec les exigences des DTU et avec les recommandations des fabricants d’isolants minces réflecteurs » précise le Syndicat des isolants minces.
Le Sfirmm rappelle d’ailleurs que le CSTB, participant au Prebat, a été condamné par le Tribunal de Commerce de Paris « suite à des commentaires hâtifs publiés sur la base d’un prérapport de cette étude et que le rapport final complet n’a jamais été publié »