Chauffage : le choix du chaud
Les chaudières consomment de moins en moins pour un confort accru, le crédit d'impôt augmente pour les matériels de chauffage les plus efficaces et les moins polluants. Il est temps de revoir son installation.
Bientôt les premiers froids. Le temps est venu de faire vérifier son installation de chauffage. Ramoner le conduit de cheminée, nettoyer et régler la chaudière demeurent deux impératifs incontournables. Inutile de tarder, les entreprises risquent d'être surchargées lors des remises en service. Quelle que soit l'énergie utilisée, c'est aussi le moment d'établir le diagnostic de son système de chauffage. Quel âge a la chaudière? Les
radiateurs disposent-ils de robinets thermostatiques ou d'un programmateur? L'isolation de la maison est-elle correcte? La rue ou la commune ont-elles été raccordées au réseau de gaz naturel depuis l'installation du chauffage central ou des convecteurs? Voilà autant de questions fondamentales pour connaître l'efficacité de son installation.
La note de chauffage dépend de deux éléments clés. Le premier, c'est le degré d'isolation du logement. Mal isolé, il consomme 60% de plus en chauffage. Le remplacement des fenêtres à simple vitrage, l'
isolation des combles et des murs doivent précéder tout changement de chaudière ou de système de chauffage. Une fois les besoins de chaleur réduits, l'investissement peut être calculé au plus juste, sans surcoûts inutiles.
L'âge de la chaudière
Le second élément déterminant de la facture, c'est l'âge de la chaudière. À température ambiante égale, la note de gaz naturel, de propane ou de fioul est 30% plus élevée avec un appareil de plus de quinze ans qu'avec un modèle récent. L'investissement s'amortit en quelques années avec les économies d'énergie. Si des travaux d'isolation ont été faits, ils ont par ailleurs réduit la puissance nécessaire. Plutôt que laisser la vieille chaudière consommer et polluer plus que de raison, mieux vaut opter pour un nouveau modèle de moindre puissance.
À quelle énergie se chauffer? Depuis notre dossier chauffage de février 2000 (QC n° 368), pas de changement dans le palmarès. À chaque fois que c'est possible, si le logement est déjà desservi ou peut l'être, le gaz naturel sort gagnant. Malgré les hausses de tarif, il reste presque trois fois moins cher que le kilowattheure électrique et ce n'est pas l'absence d'entretien annuel dans le cas du chauffage électrique ou l'investissement moindre qui peut compenser le surcoût annuel à l'usage.
En l'absence de raccordement au réseau, le fioul constitue la meilleure alternative d'un point de vue économique. Son prix a beau fluctuer, il demeure proche de celui du gaz naturel. Mais son stockage nécessite une citerne, et les brûleurs fioul restent plus onéreux. Au final, se chauffer au fioul coûte plus cher qu'au gaz naturel. Le bilan écologique, par ailleurs, n'est guère brillant. Malgré les progrès accomplis, la combustion du fioul dégage du soufre et émet plus de CO2 que celle du gaz.
D'un point de vue écologique, le propane s'en tire mieux. Mais, côté facture, c'est prohibitif. En raison du prix du kilowattheure, deux fois plus élevé que celui de gaz naturel ou de fioul, mais aussi des contrats contraignants proposés à la clientèle. Le propane se justifie uniquement dans l'attente d'un raccordement au réseau gaz naturel à brève ou moyenne échéance. Le changement des injecteurs suffira alors pour passer d'une énergie à l'autre... à condition d'avoir fait mentionner une courte durée sur le contrat avant de le signer. Trois ans constituent un maximum.
En matière de tarif prohibitif, on trouve cependant pire : c'est le chauffage électrique. Inutile de s'étendre, un simple coup d'oeil au graphique du prix des énergies permet de comprendre que son coût ne saurait être compétitif. Son seul atout, c'est un investissement moindre en misant sur les équipements d'entrée ou de moyenne gamme. Face aux surcoûts d'utilisation, il devient vite dérisoire. Aussi, plutôt que remplacer des convecteurs inconfortables par des radiateurs électriques à inertie qui coûtent aussi cher qu'une installation de chauffage central, mieux vaut franchir le pas. Les chaudières à ventouse, qui ne nécessitent pas de conduit de cheminée, facilitent la conversion. En terme de coût, le chauffage électrique n'est compétitif que dans des résidences secondaires occupées de façon intermittente.
Mais la grande nouveauté nous vient des énergies renouvelables, qu'il s'agisse du solaire ou du bois. Le crédit d'impôt de 40% qui leur est attribué les rend directement compétitives. La technologie solaire reste chère mais l'aide fiscale la rend plus accessible. L'installation nécessite néanmoins de gros travaux. Cette contrainte limite les possibilités de conversion et réserve le solaire au neuf ou à la rénovation d'une ruine. Seule l'eau chaude solaire est accessible dans l'existant.
Le feu de bois
Le passage au chauffage central au bois se fait plus facilement, pour peu que l'on dispose de place pour le stockage des bûches. Cette option mérite d'être étudiée face à celle du propane, pour des raisons de coût, ou du fioul, pour des raisons environnementales. Le rendement des chaudières bois automatiques devient comparable à celui des autres énergies et les contraintes du chargement plusieurs fois par jour disparaissent. Le chauffage central au bois devient un concurrent sérieux quand les critères requis se trouvent réunis (voir plus loin l'encadré "gros plan, Bois : il ne part plus en fumée").
Enfin, quelle que soit l'énergie choisie, les chaudières les plus performantes concilient moindre consommation et moindre pollution. Elles se rentabilisent d'autant mieux que le crédit d'impôt atténue leur surcoût.
eau chaude
Avec ou sans réserve
La chaudière à production d'eau instantanée provoque une surconsommation d'eau, d'énergie et un confort limité. L'inertie de la chaudière, en effet, tourne autour de 45 secondes. Une dizaine de litres peut être consommée pour rien à chaque fois que l'on ouvre le robinet d'eau chaude, dans l'attente de la bonne température. Au prix actuel du mètre cube, la dépense est loin d'être négligeable. Pour résoudre ce problème inhérent à la production instantanée, les fabricants proposent des chaudières à mini-accumulation. L'appareil mural comprend un ballon miniature qui stocke, selon les modèles, 3, 6, voire 10 litres d'eau chaude. Une fois fixée au mur, la chaudière n'est guère plus encombrante qu'un modèle standard. La qualité de vie, en revanche, s'améliore nettement et seule l'eau nécessaire est consommée. Le surcoût à l'achat se récupère progressivement avec les économies d'eau. En cas de famille nombreuse ou de forte consommation simultanée, un
ballon d'eau chaude de 50 ou 80 litres est indispensable. Inutile d'aller au-delà, les ballons de 200 ou 300 litres ne se justifient que dans le cas de l'électricité pour bénéficier du tarif heures creuses. Quel que soit le type de chauffage choisi, l'eau chaude peut être produite par un chauffe-eau solaire. C'est une solution intéressante d'un point de vue tant économique qu'écologique (voir p. 44).
Bon à savoir
Attention, au fil de la négociation, un professionnel peut être amené à vous conseiller une chaudière à production d'eau chaude instantanée pour faire baisser le devis et vous engager à signer. Mais, à l'usage, c'est cher payé, avec un confort et un service rendu au quotidien très inférieurs
chaudière
Le coeur de chauffe
La chaudière est la pièce maîtresse du chauffage central. Son choix engage pour dix, quinze ou vingt ans selon sa longévité. Les critères à examiner avant de trancher.
Depuis 1998, les chaudières vendues en France doivent respecter les exigences de rendement fixées par la directive européenne 92/42/CEE. Tout matériel présent en rayon possède donc des performances correctes, avec un rendement de 90 %. C'est loin d'être le cas pour les chaudières antérieures. Le parc ancien se situe plutôt entre 60 et 70%, ce qui revient à dire que 30 à 40% du combustible utilisé par l'appareil ne sont pas restitués en chaleur dans les radiateurs. Changer son vieux modèle permet donc de réduire ses livraisons de fioul, de propane ou sa note de gaz naturel de façon conséquente. Autre avantage, les nouvelles chaudières polluent beaucoup moins que les précédentes. Elles renvoient moins d'oxydes de carbone et d'azote dans l'atmosphère, diminuant ainsi la contribution du logement au réchauffement climatique (QC n° 418). Une fois le principe du remplacement de la chaudière acquis, il reste à choisir le modèle. Ce n'est pas le plus simple.
Au sol ou au mur
Le manque de place dirige une bonne partie de la clientèle vers les chaudières murales. C'est le seul choix possible dans un appartement exigu. La question mérite en revanche d'être posée dès que l'on dispose d'un appartement spacieux avec débarras, buanderie, pièce de service, ou d'une maison individuelle. La chaudière sol dispose en effet d'un atout décisif, la longévité. «On n'a pas à miniaturiser les installations avec les chaudières sol, explique Paul Parrot, chargé d'études au Comité scientifique et technique des industries climatiques (Costic). Elles sont d'une conception plus simple que les murales. L'usure du corps de chauffe est moins rapide.» En moyenne, on peut tabler sur une longévité supérieure à vingt ans pour une chaudière sol, comprise entre dix et quinze ans pour les murales, et plutôt huit à dix ans pour les murales à production d'eau instantanée.
À conduit ou à ventouse
La contrainte principale du chauffage central, c'est le ramonage annuel du conduit d'évacuation des gaz de combustion. Indispensable du point de vue réglementaire, il l'est aussi pour la santé et la sécurité des occupants. Un conduit bouché ou encrassé refoule en effet les gaz vers la pièce au lieu de les évacuer. Si les appareils récents disposent d'un coupe-circuit automatique en cas de concentrations excessives de monoxyde de carbone, ce n'est pas le cas du parc ancien. Ce mauvais entretien est chaque année responsable de plusieurs centaines de décès et de milliers d'intoxications par le monoxyde de carbone (QC n° 342). Le dispositif de ventouse supprime tout à la fois cette contrainte et ce risque. Au lieu de prélever l'air nécessaire à son fonctionnement dans la pièce et de l'évacuer par la cheminée, la chaudière à ventouse fonctionne en circuit étanche. Elle prend l'air à l'extérieur et non l'air préalablement chauffé du logement puis le rejette sans passer par un conduit. «La chaudière à ventouse, c'est l'assurance tous risques en matière de sécurité», confirme Paul Parrot.
La ventouse présente d'autres avantages. Elle évite d'avoir à refaire un conduit de cheminée vétuste, elle convient aux chaudières basse température et à condensation qui produisent des rejets à moindre température plus agressifs pour les conduits. En l'absence de ventouse, ces matériels nécessitent la réalisation d'un tubage en Inox ou en céramique, qui devra faire l'objet d'un essai fumigène tous les trois ans. La ventouse est un système très simple. Il s'agit d'un double tube concentrique, l'un faisant entrer l'air neuf, l'autre évacuant les gaz de combustion. Les seules contraintes tiennent au règlement de copropriété en immeuble collectif. Mieux vaut contacter le syndic avant de percer le mur extérieur.
Bon à savoir :
La chaudière à ventouse s'encrasse moins qu'un modèle classique dans une cuisine puisque son brûleur enfermé dans le caisson étanche ne subit pas les graisses de cuisson.
À chacune selon son rendement
> Standard. Quand on parle de chaudière standard, il s'agit d'une chaudière haut rendement. Elles le sont toutes depuis la transcription de la directive européenne. Cette catégorie constitue l'entrée de gamme des chaudières actuellement sur le marché. Leur rendement est au minimum de 87%. Ces chaudières vont être exclues de l'habitat neuf dès l'entrée en vigueur de la réglementation thermique 2005. La basse température deviendra le minimum exigible.
> Basse température. La chaudière basse température peut se définir comme une version sophistiquée de la chaudière standard. Son rendement est fixé à 90% minimum. La température de l'eau est moins élevée, ce qui réduit les pertes de chaleur sur les parois. Les radiateurs sont chauds sans être brûlants, d'où l'expression de chaleur douce. Le confort est amélioré.
> Condensation. La chaudière à condensation, c'est le haut de gamme du haut rendement, autrement dit du très haut rendement. Les fabricants annoncent d'ailleurs 102 voire 105%! Le minimum réglementaire est fixé à 98%. Alors que les autres chaudières évacuent la vapeur d'eau dans l'atmosphère avec les gaz de combustion, ces modèles la condensent pour récupérer de la chaleur qui préchauffe l'eau. La consommation d'énergie est réduite d'autant. Elles bénéficient pourtant d'une mauvaise image de marque dans l'Hexagone. C'est justifié. Leur lancement, au début des années quatre-vingt, avec subventions et label à l'appui, fut un véritable fiasco. Les équipements et les conduits de fumée ne résistaient pas plus de deux ans à l'acidité de l'eau de condensation ! Qu'en est-il aujourd'hui ? L'eau de condensation reste évidemment acide, ce sont les matériaux qui ont changé, ils résistent à la corrosion. Les chaudières à condensation raflent d'ailleurs 86% du marché aux Pays-Bas, s'imposent en Allemagne comme au Royaume-Uni.
Dans la chaleur des radiateurs
Les chaudières basse température et à condensation s'associent à des planchers chauffants basse température ou des radiateurs chaleur douce. C'est l'idéal dans le neuf. Inutile cependant de changer les radiateurs dans l'existant. Ils ont en général été posés quand le logement était moins isolé. Grâce aux travaux d'isolation réalisés, ils sont aujourd'hui surdimensionnés, ce qui permet d'obtenir une température ambiante satisfaisante sans qu'ils soient brûlants.
Qualité et longévité
Le prix d'une chaudière se justifie en partie par sa catégorie mais aussi par la qualité de ses matériaux. Ne vous contentez pas de la regarder, elles se ressemblent toutes. Enlevez le capot, certaines multiplient les éléments en plastique, d'autres s'en tiennent aux alliages et à l'Inox. Des différences de composants qui jouent sur la longévité du matériel.
Source site Que Choisir.
AAMOI nr. 707
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