Ah, une discussion intéressante, comme je les aime
Rien n'empêche, rien n'interdit, en effet... Rien n'empêche de faire une étude thermique dynamique, qui est d'ailleurs la seule sérieuse et proche de la réalité (donc réellement utile lors de la conception) mais elle sera sans valeur au regard de la certification. Donc quasiment personne ne la fait, parce qu'il faut la payer quand même.
Je ne connais pas spécialement de votre projet en particulier, mais j'attends donc avec impatience les retours d'expériences des forumeux. Quelle est le lieu de votre construction, sa surface chauffée ?
Pour info, pour la maison du Clos : pour 135 m² habitables nets, consommation de chauffage totale estimée (déduction d'après les factures car le 2eme logement n'avait pas de compteur d'énergie installé) de moins de 2400 kWh (total des deux logements, l'autre locataire étant plus économe). Coût d'entretien des systèmes nul. Coût total toutes consommations comprises+abonnements inférieur à 1100 € de juin 2008 à juin 2009, correspondant au chauffage+ECS (complément du solaire)+éclairage (basse consommation partout)+ventilation (quasi nul)+électroménager. Resterait à ajouter le gaz pour la cuisine (bouteilles).
La consommation est visiblement assez proche de la vôtre alors qu'il s'agit ici de deux foyers (donc 2 frigos, 2 TV, 2 chaines HIFI, 2 PC, etc...). Auriez-vous donc une consommation d'électricité "importante" ?
Maintenant, si l'on parle des générations futures, alors savez-vous quelle énergie (grise) il aura fallu dépenser pour fabriquer votre aérotherme ? (PAC air/eau, c'est de l'aérothermie). Combien il en aura fallu pour le faire venir d'Asie ? Combien il en faudra pour l'entretien ? (pour info le R-410A qui remplit ces petites merveilles est un gaz environ 2000 fois plus impactant que le CO2 en terme d'effet de serre). Combien il en faudra pour le détruire/recycler dans quelques années? Combien il en faudra pour le remplacer ?
Je suppose que vous n'avez pas les réponses (et c'est bien normal, le sujet est complexe et les fabricants plutôt discrets sur le sujet), mais il existe ce qu'on appelle aujourd'hui les ACV (analyses de cycles de vie) pour chaque matériau, ce qui permet de se faire un idée de l'énergie consommée pour toute la vie d'un objet ou composant(fabrication/utilisation/destruction). Et quand on y regarde de près, on se rend vite compte que la technologie coûte cher aux générations futures par rapport à l'énergie non consommée.
Lorsque je parle d'approche énergétique comptable, je ne parle pas de l'aspect financier. Je parle bien de la façon de compter l'énergie, qui n'est qu'une convention. Une convention qui, malheureusement, profite d'abord aux PAC, sans tenir compte du coût global (ei construction+maintenance+destruction). Si le seul problème est de chercher à consommer moins d'électricité, il suffit alors de changer d'énergie, et de passer au bois.
Un exemple : ce que je fais chez moi, ma facture EDF étant moitié plus faible que la vôtre (avec un abonnement de 63 €/an soit dit en passant) bien que je travaille chez moi (2 stations de travail 12h/jour, ça plombe le bilan, croyez moi). Pourtant, ma consommation d'énergie finale (donc le besoin réel) est plutôt importante, ma maison étant ancienne et moyennement isolée.
En gros 65 kWh/m²/an pour ECS+chauffage+éclairage+auxiliaires+ventilation.
Le coefficient de passage de l'énergie finale vers l'énergie primaire est fixé par convention par la loi française à 2.58 pour l'électricité, 1 pour les énergies fossiles, et 0.6 pour le bois.
D'après le référentiel BBC, si je décidais de passer à l'électricité (sans PAC) le chauffage et l'eau chaude, je deviendrais immédiatement un danger pour les générations futures, à savoir que ma consommation d'énergie primaire passerait à 168 kWh.m²/an (2.58*65)
Si je décidais de passer au gaz, je serais mieux vu : 73 kWh/m²/an en énergie primaire
Et si je décide de passer au bois pour le chauffage, au gaz pour l'ECS, ce qui est ma situation actuelle, d'après le référentiel BBC, je suis quelqu'un de bien : plus que 49 kWh/m²/an en énergie primaire.
Pourtant, la maison est exactement la même, la consommation d'énergie finale aussi. Ma maison est-elle certifiable BBC, du coup ? Aucune chance : menuiseries pas suffisamment étanches, matériaux non conventionnels (maison ancienne en pisé) font que l'éligibilité serait impossible, malgré une consommation inférieure au seuil BBC rénovation.
Ce que j'ai simplement voulu mettre en avant, c'est le mode de calcul du référentiel Effinergie (BBC) qui me semble malheureusement aller dans le seul sens du mix que vous avez cité : un peu mieux sur l'enveloppe (isolation + mais pas +++) un tout petit peu mieux sur l'orientation (et encore) et un peu plus de "technologie", qui coûtera cher et aux utilisateurs et aux générations futures, quoi qu'on en dise. En revanche, pas de réelle exigence sur l'énergie finale dédiée au chauffage (ei indépendante de la source d'énergie utilisée pour le chauffage ou l'ECS), et là, c'est vraiment dommage. Une spécificité française, visiblement. Nos voisins suisses et allemands ne s'y sont pas trompés, Minergie et PassivHaus imposent d'abord et avant tout un seuil pour l'énergie finale consommée par le chauffage, qui oblige en premier lieu à optimiser l'enveloppe du bâtiment + architecture climatique.