Rénovation salle d'eau vintage (construction d'une douche à l'italienne / construction d'un meuble vasque)
Le récit est agrémenté de photos et vidéos ici :
http://renovationamateur.blogspot.fr
Caractéristiques de la rénovation
Matériaux : Leroy Merlin (ils ont fini par nous offrir une bouteille de champagne en tant que client passion !)
Budget : environ 2 500 €
Main d'oeuvre : 2 bricoleurs du dimanche : moi (informaticien) et mon père (prof de mécanique)
Durée : le temps qu'il a fallu...
En suivant cet article, vous allez voir qu'il n'y a rien de sorcier à faire soi-même. Avec de la motivation, de l'organisation et en se renseignant bien c'est à la portée de tous, jugez par vous-mêmes...
La salle d'eau d'origine
Propre et fonctionnelle mais pas franchement la salle de bain qui fait rêver de nos jours !
On va pas se mentir : le bidet sera remercié !!
Remarquez la fenêtre : elle est partagée avec la pièce d'à côté : un vantail pour la salle d'eau, et un vantail pour le WC ! Avec une cloison qui part en biais pour rattraper le milieu de la fenêtre... Voilà des complications qu'on a peut avoir avec des maisons qui datent d'il y a 2 siècles ! Ce serait trop simple sinon !
Observez le placard basique ajouté sur la cheminée. Il prend de la profondeur et il est particulièrement laid. Vous commencez à préssentir ce qui va lui arriver ?
La "mise à nu"
On garde juste les boiseries, qui font l'âme de cette maison de maître. Tout le reste part, même les fenêtres !
Commençons par la baignoire, qui s'avère être en fonte :
Jamais vu une matière aussi lourde ! Seule solution pour la transporter : la mettre en pièces :
Il y en a un que ça a l'air d'amuser !
Voilà, on a fait de la place !!
Les murs et le plafond
Pour les murs, on repart d'une base bien droite en collant du placo.
Remarquez ci-dessus la magnifique peinture bleu foncée qu'on découvre en détapissant le plafond. C'est le festival des trous, bosses et peinture qui s'écaille. Après quelques essais, on déclare le plafond inratrapable.
On se lance dans l'application de plaques au plafond, vissées dans les poutres+collées, avec une technique à base d'étais pas chère (40€ les 6 sur leboncoin) mais un peu galère :
Si vous avez la possibilité de louer un lève-plaques c'est beaucoup plus commode...
Et voilà le travail :
Pour finir, sous couche puis 2 couches de peinture SIKKENS blanc mat pour les murs et blanc satiné pour les boiseries.
Tout ça avec l'artillerie lourde : pistolet haute pression.
La préparation/nettoyage de l'engin, ainsi que le bâchage prennent 3 plombes mais après ça dépote, démo sur une autre pièce :
Le sol
Il s'avère que sous le lino années 80, on trouve un lino années 30 (?), puis pour finir le parquet dans les règles de l'art des maisons bourgeoises du 19ème siècle. Du parquet dans une salle d'eau ? Pourquoi pas avec une bonne vitrification ! C'est original et ça apporte de la chaleur.
Un gros coup de rabot a permis de ravoir le parquet (blindé en surface de colle et de fibres de carpette).
Ce qui nous permet ensuite d'appliquer notre teinte Syntilor Wengé (au final c'est le rendu en 2 couches, donc bien noir, que nous avons préféré), puis 3 couches de vitrification mate.
La douche à l'italienne
C'est directement sur le plancher que nous allons faire un receveur sur mesure. Pour cette taille de douche (2m par 1,5m), les receveurs tout faits dans le commerce auraient coûté une fortune (au moins 400€) et il y aurait quand même eu beaucoup de travail d'adaptation (on prend tout le fond de la pièce, qui n'a pas un seul angle à 90°).
On fixe la bonde de fond à la hauteur du futur niveau du sol le plus bas. Attention il ne faut pas se tromper, ensuite elle sera coulée dans le béton ! A l'arrière, on gagne en épaisseur en fixant quelques planches de récup' (pour faire le moins possible de béton, très lourd pour la structure du sol de l'étage). Application généreuse d'imperméabilisant (couleur bleue).
On fait passer la plomberie qui va bien pour alimenter la future douche et le lavabo (qui est à côté). Là aussi on a pas de 2ème chance, ce sera coulé dans le béton !
Puis on prépare pour faire le béton : installation des planches de coffrage, des tasseaux qui serviront de guide pour bien respecter la pente principale souhaitée à 2%, marquage des niveaux souhaités contre le mur (des tasseaux jusqu'aux côtés, les bords remonteront), on bourre un peu avec de la caillasse, on place un grillage qui consolidera le béton (qui l'empêchera surtout de fissurer) et enfin on protège la bonde.
Vous l'aurez deviné, maintenant on applique le béton (mélange ciment/sable tout fait, à gâcher avec de l'eau + un produit hydrofuge).
A partir de là les jeux sont faits ! Heureusement l'histoire finit bien puisque la pente s'avère être nickel pour l'écoulement de l'eau.
Ensuite on colle une natte impérméable sur le béton (à la colle carreau), sur laquelle on colle (à la colle carreaux) des dalles galets de 30cm par 30cm.
Pour finir, application de joints epoxy, dont je garderai un souvenir... traumatisant ! On a pas d'autre choix que de commencer par tout tartiner à la talloche à joint pour en faire rentrer partout dans les interstices, mais après pour bien nettoyer la surface des galets c'est une horreur : le produit est ultra collant, ça vous pourrit les mains, les éponges, tout ce que vous pouvez utiliser... Après avoir épongé toute la surface une dizaine de fois à l'éponge humide et tué au moins 6 grosses éponges, le résultat est pas trop mal. Ci-dessous une photo à 2/3 du jointage :
Bilan des courses après 1 an d'utilisation : la pente est bonne, le fiston en arrose de partout sans que ça pose problème. Par contre avec des galets, on aura beau faire une forte pente, l'eau stagne un peu dans les joints (qui font forcément des creux par rapport aux galets). Du coup il y a quand même du calcaire ou je ne sais quoi d'autre qui fait plus gris que noir par endroits : si on recherche la perfection c'est rageant. A priori c'est un problème que rencontrent tous ceux qui ont un sol de douche en galets.
Passons aux murs de la douche : comme on aime l'originalité et les challenges, on est parti sur du carrelage hexagonal !
Perso c'est la 1ère fois de ma vie que je carrelais, ça fait un bon baptème ! Je peux vous dire que quand j'ai fait du carrelage rectangulaire après j'ai trouvé ça très facile !
Dans notre cas, il fallait faire attention à plusieurs paramètres : panacher comme il faut les motifs (pas de motif identique contigu), faire une démarquation jolie entre carrelage à motif (en bas) et carrelage uni (en haut), et surtout être droit, par rapport au sol, par rapport aux arrêtes des murs et à la fin par rapport au plafond (oui parce qu'on a carrelé les 3,20m de hauteur sous plafond, autant faire les choses à fond !). J'ai commencé par installer une planche guide, qui me permettra de commencer à une largeur de 0,5 carreau de l'arrête la plus à soigner :
Et nous voilà partis :
Les carreaux entiers, ça va assez vite, mais imaginez un peu les découpes pour les angles du tableau de la fenêtre ! Pour les découpes dans un seul sens (ex : demi carreau) la carrelette suffisait, mais pour les découpes dans 2 sens (horizontal et vertical), j'ai dû emprunter un coupe carreau.
On est assez fiers de la manière dont on a géré la courbe de la cloison en biais pour rattraper le milieu de la fenêtre. Vous savez, celle qui est partagée avec le WC.
Il faut préciser que K par K nous a fait une fenêtre (vraiment) sur mesure avec un vantail côté salle d'eau bien plus large, ce qui limite le décalage par rapport à la cloison (mais ne l'annule pas).
Résultat des courses : on est pas parfaits mais on est pas mal. Il est maintenant temps de jointer. Joints ciment traditionnels, petite difficulté : le voile de ciment contre lequel il a fallu lutter sans se laisser aller (éponge humide puis séchage au torchon toutes les heures après application, jusqu'à ne plus avoir de voile de ciment). Une partie de plaisir par rapport à cette *** de joint epoxy !
Le meuble vasque
S'il y a une chose où cela vaut le coup de faire soi-même, c'est bien le meuble vasque tant ce qu'on trouve dans le commerce est onéreux et sans cachet.
Nous partons sur un style à la fois actuel et authentique : structure métal et plateau bois.
Pour la structure métal, nous utilisons des barres de béton armé récupérées dans une décharge, que nous soudons :
Application d'une sous couche glycéro pour bien bloquer la rouille (au pinceau pour moins d'émanations : terriblement long...) :
Puis application de 2 couches de peinture noir métal (au pistolet basse pression, beaucoup plus rapide !).
Pour le plateau, j'utilise un vieux volet du grenier, en faisant le choix de bien garder apparente la charnière.
Découpage du volet en hauteur à la scie circulaire et ablation de certaines ferrures à la disqueuse.
Un peu de pâte à bois dans les trous et ponçage à la mano. C'est assez physique, d'autant qu'il y a pas mal de recoins, mais on se sent comme un artisan d'antant qui travaille le bois, et ça je kiffe ! Ah ! Le bois massif, qu'on peut poncer pour retrouver les veines du bois et lui donner une 2ème vie, puis une 3ème, puis une 4ème, puis une 5ème...
Pour finir, application d'une lasure grisée v33 puis 3 couches de vitrification.
Pour ce qui est de l'ex cheminée, après avoir tout pété, on refait un mur en béton cellulaire, dans la prolongation des boiseries, qu'on orne d'un carrelage style métro parisien :
Après un peu de plomberie (installation robinet et vasque en basalte), voilà le résultat.
Autre avantage de faire soi-même : le meuble est sur mesure par rapport au sol en pierre (zone devant l'ancienne cheminée) sur lequel il est disposé.